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Interview avec Mohamed Arejdal

Par Elisabeth Piskernik

En 2005, l’autrichienne Elisabeth Piskernik, résidente à Rabat, a fondé Le Cube – independent art room comme plateforme indépendante pour les artistes tant marocains qu’étrangers, des créateurs émergents et des artistes de renommée internationale. C’est un lieu où les artistes sont encouragés à s’exprimer librement et à partager leurs visions du monde traduites en travaux conceptuels, installations éphémères, art vidéo, photographies, peintures, performances et autres. Le Cube collabore avec des institutions culturelles internationales et il a mis en place un programme d'échange d'artistes et de résidence artistique pour une création "in situ".

Mohamed Arejdal, né en 1984 à Guelmim, vit et travaille entre Tanger, Rabat et d’autres lieux au Maroc et à l’étranger.

Elisabeth Piskernik: Mohamed, tu es diplômé de l’Institut National des Beaux Arts de Tétouan au Maroc en 2009. Le début de ta carrière artistique a été marqué par des performances, surtout dans l’espace public. En été 2012 tu as été invité au projet "summers lab" pour une création expérimentale et la recherche artistique initié par le Cube – independent art room. Quel était ton expérience pendant cette période de résidence, toi un artiste nomade sans domicile fixe ?

Mohamed Arejdal: Cette invitation est venue au bon moment, parce que j’avais vraiment besoin de me reposer, de prendre l’énergie et de continuer mon travail et commencer autres projets. La résidence était une break, pour profiter des laisser vagabonder les idées, rentrer au Cube sans aucun concept, tout ce qui s’est réaliser après est le résultat de la réflexion pendant la résidence, jusqu'à la dernière minute. Même le lieu était parfait, parce que je voulais depuis longtemps travailler a Rabat, la capitale administrative ou il y a le parlement, il y a des manifestations depuis très longtemps, c’est pour moi les coulisses du Maroc, c’est tout ce qui se passe derrière la façade, c’est pas la pièce théâtrale montrée au public.

EP: Pendant le projet, tu a réalisé pour la première fois une sculpture "Crank ou la manivelle du moulin", un globe en pierre de sable en deux sphère avec la carte du monde sculpter dans la pierre. Pourquoi cette œuvre ?

MA: La sculpture représente un moulin traditionnel, avec lequel les marocaines produisent de la farine. Le titre "Crank" est une référence mécanique de la manivelle du moulin. Ce petit détail (la manivelle) est très important pour avoir un mouvement, pour bouger le monde. L'endroit où j'ai mis la manivelle est bien choisi ! Ce sont les Etats-Unies avec leur pouvoir politique et économique dans le monde entier. "Crank" est une métaphore du monde dans lequel la répartition des biens, de la nourriture et l’éducation est déséquilibrée.

EP: Pendant le summer’s lab deux autres pièces "Greenislam" et "N T’mazert" ont été réalisées. Qu’est ce que "Greenislam" signifie pour toi ?

MA: Un triangle de pré signalisation signifiant la sécurité, le danger, une panne! Une forme transformée en étoile, celle qu'on trouve sur le drapeau marocain. Cette étoile est un symbole religieux qui représente le vert comme élément sacré dans l'esthétique islamique. Le travail démontre une idéologie qui manipule l'islam pour un projet politique.

EP: Et la signification de "Azro N’Tmazert" , une installation impressionnante faite par des pierres ?

MA: "Azro N’Tmazert" est un expression en langue Amazighe qu'on peux traduire comme "La Pierre du Bled ou les Cailloux du Bled". L’histoire et la construction architecturale influencé du temps des français au Maroc de l’appartement dans lequel Le Cube se trouve a réveillé un discours de mon père "Avec les cailloux du Bled que l'on peut construire le Bled!".

L’installation est faite par des pierres qui bloquent l’entrée à une chambre. L’œuvre "Greenislam" est installée au milieu d’une salle qui est fermée par ces pierres. Le spectateur ne peut voir cet objet illuminé qu’à travers une projection captée par une camera vidéo dans la chambre clos. Qu’est-ce qu’on voit vraiment, qu’est-ce qui reste imagination et interprétation ? Un jeu de l’intérieur / extérieur, de "local" et "global".

EP: Avant le summers lab tu as participer au projet "PLPAC" à l’Institut français et au Cube, une initiative qui a regroupé plusieurs jeunes artistes marocains. Ce n’est pas la première fois où un groupe d’artistes marocain de la nouvelle génération travaille ensemble. Est-ce que vous vous définissez comme un collectif comparable au Collectif 212 fondée en 2005 ? Vois-tu un effet de synergie en agissant à plusieurs ?

MA: Non, nous sommes pas un collectif. C’est une nécessité et une urgence de travailler ensemble pour atteindre des buts que nous ne pourrions pas atteindre seul. Nous travaillons dans le sens dans collectif tout en restant individuel.

L’expérience de PLPAC n’était pas la première expérience de travailler en groupe, nous avons avant crée "réseau domestique" avec Mohssine Haraki, Mohamed El Mehadaoui et Otman Fikraoui, c’est une espèce de résidence ou les artistes étaient accueilli dans des familles dans des villages pour travailler sur le questionnement du rapport village et ville. c’est projet social pendant lequel nous avons monté une bibliothèque éphémère, un cinéma avec projection de vidéo et une téléboutique, un hôtel, un hammam.

EP: Comment vois-tu la situation actuelle de l’art et des artistes au Maroc ?

MA: Nous n’avons pas une vraie structure pour la culture et pour les artistes, parce que l’état n’investit pas dans ce domaine, par peur de se tromper, la culture n’est pas un poste qui amène de l’argent, l’état a autre priorité.

Nous nous retrouvons actuellement devant un mur noir, mais nous voyons un petit trou blanc, c’est notre espoir que la situation s’améliorera un jour pour nous les artistes.

 

Elisabeth Piskernik, fondatrice et directrice de l’espace d’art Le Cube – independent art room à Rabat / Maroc, diplômée en histoire de l’art à l’Université de Vienne.

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