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Souffle de liberté / Tunisie

Exposition virtuelle. Par Mohamed Ben Soltane

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Les artistes de cette exposition virtuelle font partie de plusieurs générations. Ce qui les rassemble c’est leur attitude digne et le courage qu’ils ont eu dans la période qui devance la Révolution, une période où l’oppression était à son comble. Ces artistes se battaient dans un contexte artistique local difficile. Quelques uns parmi ces artistes menaient une action culturelle multiple, à travers la création artistique, l’enseignement de l’art, la critique d’art, l’organisation d’expositions, etc.

Pour la majorité d’entre eux, le travail à l’intérieur du pays était d’une importance capitale, il ne peut y avoir d’universalisme absolu, il fallait d’abord travailler à renforcer les bases de la scène artistique locale avant de postuler à une visibilité internationale.

La majorité des artistes que nous avons choisi de présenter ne font pas partie des artistes tunisiens dont les noms reviennent le plus souvent sur l’échelle internationale de l’art contemporain. Pourtant, leur talent est immense. Il y a plusieurs raisons à cette anomalie ; des raisons internes et d’autres externes.

Les raisons internes seraient un manque de professionnalisme chez beaucoup de nos artistes et de nos structures artistiques dans un monde de l’art qui s’est hyper-professionnalisé. L’absence de musées ou de fondations, qu’ils soient publics ou privés, pour l’art moderne et contemporain dans le pays, ainsi que l’absence d’une politique culturelle digne de ce nom sont les raisons internes de cette invisibilité.

Les raisons externes quant-à eux, sont relatives à un système international de l’art qui maintient un certain hégémonisme, où les voix des pays du Sud ne sont pas suffisamment écoutées. Certains décideurs des Pays du Nord sont plus intéressés par la production artistique des Pays du Sud qui viendrait les réconforter dans ce qu’ils pensent être le "bon" art contemporain arabe.

Cette production correspondrait à des stéréotypes qui ont pris une peau neuve par rapport à l’histoire postcoloniale. En effet, le voile islamique, la femme arabe dépeinte comme opprimée, le terrorisme islamiste et la guerre, constituent des sujets qui peuvent faciliter aux artistes de la région l’accession à une visibilité internationale indépendamment de la qualité de leur travail. Beaucoup d’artistes qui ont atteint une certaine notoriété se plaignent de ce phénomène qui exclut une partie de leur production artistique. L’artiste marocain Mounir Fatmi parle même d’une commande cachée lorsqu’il évoque les attentes des décideurs occidentaux qui l’invitent à préparer un travail artistique.

Aujourd’hui, grâce à la Révolution menée par le peuple tunisien et qui s’est propagée à tous le monde arabe, ainsi qu’à la volonté affichée de lui donner enfin la parole, une autre partie de la production artistique s’est donné les moyens d’une visibilité importante. Cela pourrait permettre de donner un éclairage plus large de la création artistique d’aujourd’hui afin que l’image qui s’en dégage soit plus fidèle à la réalité.

Aïcha Filali fait partie des rares artistes tunisiens qui n’ont jamais cessé de se renouveler. Ce qui caractérise le plus son travail artistique c’est son sens critique et irrévérencieux vis-à-vis du monde de l’art (qu’il soit tunisien ou sur une échelle internationale).

La question de l’élitisme, de la Distinction selon la formule de Bourdieu, constituent des problématiques récurrentes dans les propositions artistiques de Aïcha Filali. Dans l’œuvre que nous présentons ici, tirées de son installation "L’Angle Mort" (Mars 2010, Galerie Ammar Farhat), nous voyons des photographies de "simples gens", fixées sur panneau de plexiglas, que l’artiste "installe" dans l’espace de la galerie. Ces gens qui ne font pas partie du public habituellement "très sélect" des galeries d’art, s’approprient un espace duquel ils sont socialement exclus. Quelques mois plus tard, en janvier 2011 et cette fois dans la réalité, ils s’approprieront l’espace politique en étant dans la première ligne de ceux qui chassèrent le président déchu du pays.

Mohamed Ali Belkadhi, plus communément appelé Dali, est l’un des artistes les plus doués de sa génération. Son travail est multiforme et a un vrai encrage sociologique. Il utilise tour-à-tour la photographie, l’installation, la peinture, le texte, pour faire aboutir ses réflexions. A la fin de l’année 1998, il a présenté un travail artistique qui lui a causé beaucoup d’ennuis avec l’ancien régime. Il s’agit d’une série de 60 boîtes de conserves portant l’inscription "Boisson pour faire la Révolution"; on y voit l’effigie de Che Guevara imprimée sur la boîte et nous pouvons lire le texte: "Solution buvable stimulante pour toute personne en quête de révolution". Présentées dans la vitrine de la Galerie-Librairie Millefeuilles, les boîtes furent vite repérées et sept policiers se pointèrent dans la nuit chez l’artiste qui fut transporté au poste de police et interrogé pendant de longues heures.

Fakhri El Ghezal est diplômé de l’Institut Supérieur des Beaux-arts de Tunis en 2004. Il a reçu une formation en gravure et en photographie. Il a été sélectionné aux Rencontres photographiques de Bamako en 2007 où il présenta un projet photographique portant le titre de: The Abdel Basset patchwork.

 La série Otages a été réalisée 2007. Ce travail a pour base théorique la manipulation médiatique et les médias-mensonges à l’image de celui qui a conduit les USA à envahir l’Irak en 2003. L’artiste nous dit à travers son travail que nous sommes tous les "otages" de ce système mondial qui nous manipule.

Halim Karabibene fait partie des rares artistes contemporains tunisiens à avoir atteint une notoriété internationale. Il s’est fait connaître dans les années 90 grâce à ces collages à l’humour grinçant. Depuis quelques années, il mène une action pluridisciplinaire pour inciter les autorités publiques à inaugurer le premier Musée National d’Art Moderne et Contemporain en Tunisie. Halim, à travers les réseaux sociaux, les conférences, les Happening et les expositions anime virtuellement ce musée en attendant qu’il voie le jour. La Cocotte est le symbole du MNAMC, une cocotte désormais proche de l’explosion.

ismaël est un vidéaste et un passionné de cinéma. Son œuvre n’est pas encore eue les honneurs qu’elle mérite en Tunisie, l’art vidéo ne disposant pas encore d’une attention importante. Sans compromis, qu’ils soient politiques ou esthétiques, cet artiste se distingue par son sens critique aiguisé qu’il développe dans ses réflexions écrites et ses vidéos. La vidéo portant le titre de TV01, dont sont extraites les captures d’écrans qui figurent dans cette sélection, est un mixage entre deux programmes de télévision très populaires en Tunisie durant le mois saint de Ramadan ; il s’agit d’un programme religieux et d’un programme culinaire. Dans sa vidéo, ismaël mixe le son du programme de cuisine pendant que nous voyons les images du programme religieux et vice-versa. Il s’agit d’une critique du mauvais goût ambiant et une critique de ce programme religieux subventionné par le gendre du président déchu qui prétendait prendre le pouvoir.

Mehdi Bouanani est un jeune artiste tunisien qui travaille en France et qui expose régulièrement en Tunisie. Il a réalisé plusieurs séries de peintures présentant des figures politiques controversées. Des portraits de la dynastie beylicale côtoient ceux du premier président tunisien Habib Bourguiba ou encore du dictateur iraquien Saddam Hussein. Ces deux derniers portraits furent bloqués par la douane tunisienne lorsque l’artiste chercha à les exposer en Tunisie en 2010. L’artiste dû répondre à un interrogatoire policier et son exposition n’a pas pu avoir lieu.

Mohamed Ben Slama est un peintre infatigable. Il a toujours trouvé les moyens de titiller les autorités avec humour et désinvolture sans jamais se faire prendre. Le voile islamique et les personnages barbus côtoient dans ses peintures des personnages sexys et dénudés. Ben Slama est issu d’un courant pictural qui a des racines proprement tunisiennes. Il a pour prédécesseurs les artistes Guider Triki, Habib Bouabana, Lamine Sassi… Dans une des séries qu’il a présentées il y a quelques années en Tunisie, ces personnages tenaient une pancarte dans laquelle nous pouvions lire "RIEN". Ce "Rien" voulait dire beaucoup de choses, entre-autres, le manque de liberté et la répression que l’ancien régime exerçait vis-à-vis de ceux qui osaient le critiquer.

Nabil Saouabi:  Le Salut de la peinture est un Happening qui a eu lieu le 21 Mai 2009 au Palais Abdellia à l’occasion du 7ème Printemps des Arts plastiques de La Marsa. Dans la vidéo qui rend compte de ce Happening, Nabil Saouabi attaque frontalement la Commission d’achat du Ministère de la Culture tunisien. Cette commission qui achète des œuvres pour le compte de l’Etat, est très critiquée par les artistes car son fonctionnement est opaque, sa gestion douteuse et ses objectifs flous. Les œuvres achetées sont stockées dans des endroits non appropriées et risquent de s’abimer. L’Etat est resté sourd aux revendications des artistes pour réformer cette structure caduque. C’est lorsque l’artiste appris que ladite commission décida d’acheter son œuvre qu’il décida de la déchirer et de partager les morceaux de cette peinture entre les visiteurs de l’exposition.

Nadia Jelassi:  Vista lil 9albèn (Retourner Sa Veste est tirée de l’exposition individuelle "En rupture d’assise", réalisée à la Kanvas Art Gallery en octobre 2010. Le thème de l’exposition est la chaise qui pourrait symboliser le pouvoir et dont l’artiste élimine l’assise et joue avec son dos. L’œuvre présentée ici est prémonitoire du comportement de quelques tunisiens qui ont collaboré avec l’ancien régime et qui se sont empressés de "retourner leur veste" après la révolution. La deuxième œuvre (sans titre, 35x35 cm x9) est une photographie numérique tirée de la même exposition, signée Nadia Jelassi et Khalil Ben Abdallah.

Wassim Ghozlani: Ces photographies font partie de la série Tunisie 140111 correspondant à la date de l’aboutissement de la Révolution tunisienne qui a fait fuir l’ancien président du pays. Beaucoup de jeunes photographes tunisiens ont réalisé un travail intéressant durant les bouleversements qu’a connu le pays durant les mois de Décembre 2010 et Janvier 2011, Wassim Ghozlani est l’un d’entre eux. C’est un photographe au regard aiguisé, drôle et poétique. Il nous livre ici trois clichés qui parlent beaucoup plus que les longs discours, de la Révolution de la Liberté et de la Dignité en Tunisie. En effet, la Révolution tunisienne a été grandement favorisée par les vidéos prises par à partir des téléphones portables et postées sur les réseaux sociaux; c’est que nous montre une des photos de Wassim. La colère des Tunisiens, qui sont connus pour être pacifistes, a aussi été alimentée par la violence extrême et le meurtre prémédité que le régime de Ben Ali a exercé sur le peuple tunisien; l’image du Tag parle de cette répression avec pudeur et humour. Enfin, l’explosion de la révolte du 14 janvier 2011 sur l’Avenue Habib Bourguiba est matérialisée par une photographie emblématique du cri d’une femme libre.

Ymen Berhouma est une jeune artiste autodidacte. Elle s’est introduite dans la scène artistique grâce à une peinture fraîche dégageant une certaine naïveté dans le bon sens du terme. Les personnages qu’elle crée invitaient au rêve et s’approchent des comptes pour enfants. Petit-à-petit, sa technique s’affirmant, la peinture de la jeune tunisienne s’est assombrie et s’est chargée de tension. Ymen ne cesse d’expérimenter en passant par des médiums aussi divers que la sculpture, le dessin et les installations.

Ahl Al Kahf (Les gens de la caverne) est un collectif anonyme qui se définie sur sa page facebook comme: "un mouvement de jeunes tunisiens, anti-globalisation et anti-orientalisme, né avec la Révolution". Ce mouvement a été particulièrement actif dans les Sit-in de la Kasbah pour faire tomber le premier et le deuxième gouvernement post-révolution. Le mouvement s’est poursuivi et les principales artères de la Tunis ont été investies par ces artistes de la rue. Ahl Al Kahf ont célébré à travers leur art les principales figures internationales de la Résistance et ont attaqué avec virulence les dictateurs encore en place dans le monde arabe à l’image du sanguinaire Kaddhafi.

 

Mohamed Ben Soltane

Exposition virtuelle, initié et commandé par Nafas Art Magazine.

Souffle de liberté

Exposition virtuelle

Commissaire:
Mohamed Ben Soltane

Artistes:
Ahl Al Kahf
Mohamed Ali Belkadhi (Dali)
Ymen Berhouma
Mehdi Bouanani
Aïcha Filali
Fakhri El Ghezal
Wassim Ghozlani
ismaël
Nadia Jelassi
Halim Karabibene
Nabil Saouabi
Mohamed Ben Slama

 

Initié et commandé par Nafas Art Magazine

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